L’abominable mère des neiges. Celle qui te glace le sang d’un regard. D’un air de dire « attends un peu qu’on soit à la maison, tu vas voir ce que tu vas prendre ». Ambiance Je t’aime, moi non plus, la génitrice toxique dont on n’ose pas le #BalanceTaMère. 

Le tabou Sainte Maman oblige les petites filles-adultes à se cacher derrière leur ordinateur. Honteuses des mots tapés dans leur moteur de recherche, elles commandent en ligne des livres dont elles osent à peine prononcer les titres :

Ces mères qui ne savent pas aimer, de Susan Forward
Parents toxiques, de Susan Forward
Les mères qui blessent, de Anne-Laure Buffet
C’est pour ton bien, de Alice Miller

Castratrice, culpabilisante, jalouse, manipulatrice, négligente, narcissique, maltraitante, sarcastique, intrusive, abusive, insultante, violente et glaçante, l’abominable mère des neiges brise la volonté de son rejeton pour en faire un être docile, sage comme une image, obéissant au doigt et à l’oeil. Assis, pas bouger. Dis merci, fais un bisou.

Quoi qu’en dise l’entourage (qu’elle sait faire taire à la moindre objection), elle considère qu’une maman a toujours raison, même quand elle a tort. Elle règne en maître sur sa maison. C’est comme ça, et pas autrement. Un point, c’est tout. Pssschtttt, je te dis. Et baisse les yeux quand je te parle ! C’est pour ton bien que j’dis ça…

Etant la preuve sociale de sa propre réussite, le gamin a plutôt intérêt à se tenir à carreaux. L’enfant ne s’appartient pas. Tel un mannequin qu’on mettrait en scène pour inviter les gens à entrer dans une boutique, il fait office d’objet, de vitrine.

Pendant ce temps, la maman lambda est parfois impatiente, frustrée, fatiguée, énervée, à bout. Et oui, personne n’est parfait. Puis elle présente ses excuses, apprend à reconnaître ses limites, communique ses besoins et progresse petit à petit. Consciente que son enfant est un être à part entière qui mérite le respect, elle accepte de demander de l’aide pour devenir la mère qu’elle voudrait être.

Dans le secret de mes accompagnements, j’entends des femmes qui se comportent en tant qu’adulte comme des petites filles parfaites. Elles ont peur de leur autonomie, manquent de confiance, se dévalorisent sans cesse, et s’infligent une pression énorme pour être la femme, la mère, l’épouse idéale, sans jamais y parvenir.

J’ai découvert qu’un enfant « parfait » est un futur adulte qui a démarré son existence sans apprendre à vivre. Et comme le dirait Victor Hugo : « Le plus lourd fardeau est d’exister sans vivre ».

Alors, si on commençait à se foutre la paix et à vivre pour de vrai ?