Je te présente le portrait de Solange Raby, que j’ai rencontrée dans une conférence où elle présentait ses livres. En aparté elle m’a raconté son histoire de femme, un combat contre le cancer du sein. Et c’est dingue mais en discutant j’ai réalisé que je connaissais déjà Solange ! Quelques temps auparavant, j’avais reçu un message d’une amie : « besoin de prières pour une femme entre la vie et la mort ». Et en écoutant Solange, j’ai compris que c’était elle cette femme que je ne connaissais pas pour qui j’avais engagé mon espoir et ma foi, elle se tenait devant moi par « le hasard » de la vie ! Je ne pouvais pas ne pas te la présenter 🙂

En quelques mots, quelle est ton histoire ?

Aînée d’une fratrie de trois filles, j’ai eu une enfance heureuse. Mon père est pasteur et avec ma mère ils disaient avoir une relation avec Dieu et je trouvais cela trop bizarre. Pourtant, vers l’âge de 15 ans j’ai eu cette conviction personnelle d’amour inconditionnel de Dieu et ça m’a bouleversée. Plus tard, avec « mon petit brun », Christophe, nous nous sommes mariés et avons eu trois filles. Tout en étant maman, j’ai travaillé parallèlement en tant que professeur des écoles et dans l’église où j’ai été multi-casquettes : pianiste, animatrice, conférencière, auteur, chef de chorale…

À quoi ressemble ton quotidien aujourd’hui ?

Après plusieurs années à courir sur tous les fronts avec un emploi du temps millimétré digne d’une organisation militaire, j’ai été obligée de ralentir. En 2012, on m’a enlevé un sein bourré de cellules cancéreuses. Bien que la maladie ait vite été écartée, la reconstruction a été plus que laborieuse avec de gros ratages et un record de huit interventions chirurgicales à ce jour. Lors d’une reprise de la reconstruction en mars dernier, j’ai failli perdre la vie au cours d’un des quatre blocs opératoires qui ont été nécessaires. Après vingt heures d’opération au total, choc hémorragique, œdème pulmonaire, arrêt respiratoire, coma et séjour en réanimation, un gros répit s’imposait, d’autant que d’autres chirurgies sont à prévoir dans les mois qui viennent.

Pour le moment donc, je prends du temps pour moi. J’apprécie de m’abriter dans mon cocon familial, profiter de ma maison. Je me suis remise à l’écriture avec un livre où je raconte, sous forme de journal, mes mésaventures médicales. C’est pour moi un acte thérapeutique dont l’objet n’est pas de m’apitoyer sur cet accident de la vie mais de souligner le positif que j’en ai tiré. J’espère encourager les femmes qui passent par une telle épreuve. Dans les moments les plus douloureux et malgré un entourage exceptionnel, je savais que Dieu était toujours là où personne ne pouvait être.

Si la femme que tu es à présent pouvait s’adresser à la petite fille que tu étais, toi qui connais la suite de l’histoire, qu’est-ce que tu lui dirais ?

«N’aie pas peur et ne te crois pas inutile ou incapable ! De belles choses vont s’accomplir à travers toi».

Concernant ton parcours personnel, qu’est-ce qui te rend le plus heureuse ?

« On est riche que de ses amis » chante Calogero. Je suis particulièrement fière de mes filles et mon homme et j’apprécie  énormément les moments simples de la vie avec la famille et les amis. J’aime cette déclaration de W. Paul Young dans son livre La cabane : « La vie, c’est fait d’un peu de temps et de beaucoup de relations ».

Quels sont les domaines où tu as (eu) du mal à lâcher prise et comment tu t’y es prise pour changer ?

Pendant longtemps j’ai ressenti que je devais ralentir autant physiquement, psychologiquement que spirituellement, mais il y a toujours cette force de l’habitude qui pèse parfois lourd. Lorsque je me suis réveillée en réanimation sans aucune force et effondrée face à ce nouvel échec de reconstruction, lorsque j’ai compris que j’étais passée tout près de la mort, j’ai vraiment expérimenté un lâcher prise total. Tout a bougé. Mes priorités, mes peurs, mes aspirations. Je me suis dit que si j’avais survécu, ce n’était pas pour tout reprendre comme avant, mais bien pour tourner cette page que, jusque là, je n’avais pas eu le courage ou l’audace de tourner… Je me sentais comme un nouveau-né, confiante et entièrement dépendante de Celui qui donne la vie.

La vérité sur ce que tu penses de ton corps aujourd’hui ?

Vaste question ! Je dirais qu’en ce moment, je suis encore en chantier 😉 ! J’ai appris à accepter la perte de mon sein il y a cinq ans et je sais à présent pourquoi on appelle les malades des patients ! Les récentes interventions ont créé de nouvelles cicatrices dont une de plus de quarante centimètres sur l’abdomen, de nouvelles coutures au niveau de la poitrine et sous l’aisselle, sans compter les souvenirs laissés par les drains et la réanimation, plus une belle pelade derrière la tête que je camoufle au mieux en attendant la repousse. Mais, mais… je suis vivante ! En plus, j’ai le privilège d’avoir un mari dont le regard n’a pas changé malgré toutes ces transformations. De ce fait, j’ai décidé de voir ces stigmates positivement, comme un soldat qui considère ses blessures comme la marque d’une victoire. Ensuite, je fais beaucoup de VTT. Le sport m’a vraiment aidée à traverser ces huit interventions ainsi qu’à m’en remettre. Donc je peux dire qu’envers et contre tout, je me sens bien dans mon corps  

Quelles sont les influences (un livre, une musique, un film, une citation…) qui ont marqué positivement ta vie ?

Difficile de répondre à cette question parce que je suis de nature très curieuse et je m’intéresse à tout ! Fondamentalement, la Bible reste mon livre de chevet.

Quelle est LA personne que tu n’as jamais rencontrée avec qui tu aimerais partager un repas et quelle(s) question(s) tu lui poserais ?

Ouuuuh, je ne suis pas trop du style à courir après les vedettes car elles sont comme tout le monde. Ceci dit, je suis intéressée par celles et ceux qui ont accompli ou vécu des aventures hors du commun dans le domaine humanitaire, politique, sportif, humain… Et là, beaucoup de monde pourrait répondre à ce critère. Par exemple j’aurais bien aimé partager un repas avec Nelson Mandela et lui demander comment il a pu passer 27 ans en prison sans en ressortir aigri et vengeur.

Si tu pouvais changer UNE chose de ton quotidien à l’instant par un claquement de doigt, ce serait quoi ?

Etonnamment je ne pense pas à éliminer une épreuve de mon quotidien. Par contre, je ferais disparaître toutes les tâches ménagères répétitives (lessives, ménages, repassage etc).

Quelques mots pour inspirer le cœur des femmes ?

Je voudrais m’adresser plus particulièrement à la femme chrétienne qui ne trouve peut-être pas sa place dans l’église. Dieu n’est pas misogyne. Lorsque Jésus était sur terre, il s’est comporté de façon révolutionnaire envers la femme. Faisant fi de la culture machiste et ségrégationniste de son époque, il lui a rendu justice en la replaçant aux côtés de l’homme, dans une égalité parfaite. Sache qu’en tant que femme, tu as une grande valeur, peu importe ce que le monde à pu te faire croire. Alors ose être toi-même et briller!