La première fois que j’ai vu Juliette Conreau, elle dansait sur ses roues… Oui, c’est possible et c’était fabuleux !

En quelques mots, quelle est ton histoire ?

Je m’appelle Juliette, j’ai bientôt 18 ans. Malheureusement pour moi, il va être difficile de parler de mon histoire sans la lier au mot « handicap ». Un mot qui a très vite fait partie de mon vocabulaire, qui me colle à la peau depuis ma naissance. À 28 semaines de grossesse, je pointais le bout de mon nez pour découvrir le monde dans lequel j’allais devoir vivre ou du moins commencer par survivre. Mon handicap s’appelle « Le Syndrome de Little », plutôt sympa car on dit souvent que tout ce qui est petit est mignon LOL ! Rapidement, la confrérie des médecins est en quelques sortes devenue ma meilleure amie. Pourtant, certains d’entre-eux avaient dit à mes parents, je cite : « elle n’arrivera à rien, même pas à tenir un stylo ou conduire un fauteuil électrique ». Je suis une survivante. J’ai vécu une vie de petite fille aussi normalement que possible avec le sourire. J’ai subi plusieurs opérations, notamment pour remettre en place mes fémurs. On m’a plâtré les jambes écartées en A pendant 8 semaines du bassin jusqu’aux doigts de pieds, afin d’immobiliser le matériel déposé lors de l’intervention. Une année ou deux plus tard, il fallait enlever le matériel, donc ré-opérations suivie d’une rééducation plutôt intensive au sein d’un centre. 

À quoi ressemble ton quotidien aujourd’hui ?

Assez banal, je suis lycéenne à Jules Ferry à Saint-Dié des Vosges : un établissement « lambda » qui possède simplement un ascenseur et des salles accessibles à mon fauteuil électrique rouge. J’ai de la kinésithérapie trois fois par semaine et d’autres prises en charges diverses. J’ai également le soutien quotidien de ma famille, qui me donne chaque jour la force et l’envie de continuer mon chemin. Je crois que je n’aurai pas assez d’une vie pour tous les remercier d’avoir combattus à mes côtés, d’avoir souris encore plus fort que mes douleurs, de m’avoir portée au sens propre comme au figuré, d’avoir adapté leurs vies pour rendre la mienne moins compliquée. Un grand merci à toutes ces personnes exceptionnelles qui se reconnaîtront si elles passent par-là !

Si la femme que tu es à présent pouvait s’adresser à la petite fille que tu étais, toi qui connais la suite de l’histoire, qu’est-ce que tu lui dirais ?

« Tu as raison de croire en tes rêves ». 

Concernant ton parcours personnel, qu’est-ce qui te rend le plus heureuse ?

C’est tout simplement ma vie, avec ses difficultés comme ses bons moments.

Quels sont les domaines où tu as (eu) du mal à lâcher prise et quelles sont tes astuces pour changer ?

Je dirais la confiance en moi. J’essaie de travailler dessus jour après jour, mais cela reste encore compliqué. C’est mon prochain objectif !

Entre nous, qu’est-ce qui a le don de t’énerver et comment tu fais pour faire redescendre la pression ?

Je déteste le mensonge et la fausseté. Pour essayer de me calmer face à ce genre de situation je respire, merci le yoga !

Une passion à déclarer ?

Oui, mon amour inconditionnel pour la danse, que je pratique à mes heures perdues au sein de la compagnie Danse avec mes Roues. Une magnifique aventure qui me remplit de bonheur. Ces derniers temps, la scène est un peu devenue ma meilleure amie avec notre premier spectacle « Tous en Bal ».

La vérité sur ce que tu penses de ton corps ?

J’ai un corps merdique bourré d’imperfections, mais j’ai appris à l’aimer avec les années !

Parmi les 5 langages d’amour (un cadeau, des paroles valorisantes, du temps de qualité, le toucher, les services rendus), lequel te touche plus particulièrement ?

Je pense que c’est les services rendus…

Quelles sont les influences qui ont marqué positivement ta vie ?

La vie en elle-même a beaucoup changé ma façon de penser. Certes, certaines choses n’ont pas été faciles à encaisser. Mais ça m’a changé à tout jamais. Donc je dirais que le temps, les épreuves ont marqué positivement ma vie. Je suis parvenue à oublier le négatif et à ne retirer que le positif de mes combats. 

Y’a-t-il une parole valorisante qui t’a marquée et si oui laquelle ?

Cette petite voix dans ma tête qui me dit chaque jour : « tiens bon, ne lâche pas ! ».

Il y a quoi dans ta playlist ?

À titre d’exemples, ça donne : Léa Castel & Slimane (Abîmée), Boostee (Let me Love), Kyo (Poupées russes), M. Pokora  (À nos actes manqués), Vianney (Moi aimer toi) et Grand Corps Malade & Anna Kova (Espoir adapté).

Quelques mots pour inspirer le cœur des femmes ?

« La force ne vient pas des capacités physiques; elle vient d’une inébranlable volonté » (Gandhi). Vivez votre vie à fond peu importe les circonstances. Que vous soyez grande, petite, forte ou mince, qu’est-ce que cela change ? Quoi que vous fassiez, qui que vous soyez, on vous jugera TOUJOURS, alors soyez vous-mêmes !