Je fais partie du phénomène de la génération contraception.
Et toi ?

Avec l’arrivée de la pilule dans les foyers, les femmes sont passées du stress d’avoir des enfants au stress de “réussir” leurs enfants.

Ces femmes qui veulent tout : un prince (charmant), une maison (avec jardin), des enfants (parfaits), des voyages (au soleil), ont pris le contrôle de leur vie et de leur utérus en développant la mentalité “quand je veux, comme je veux”.

Ainsi la pression d’une vie parfaite se fait plus forte auprès de la génération contraception qui a oublié que la vraie vie bouscule les habitudes et le prévisible.

« La vie, c’est ce qui arrive pendant que vous prévoyez autre chose » John Lennon

Alors quand on imagine que l’on peut tout maîtriser et que soudain le quotidien nous échappe, on est dans une situation de stress que l’on aurait pu éviter si on avait accepté dès le départ que :
– l’imprévisible est prévisible,
le risque zéro n’existe pas,
– réguler les naissances n’est pas contrôler la vie.

Une vie (im)parfaite.

Je suis en couple depuis 2007, mariée, 2 enfants, ancienne pianiste, et en 2015 après un burn-out j’ai décidé de créer la marque « J’arrête d’être parfaite », qui a vu le jour en 2017.

Depuis j’ai repris ma vie en main, j’ai obtenu ma certification de coach avec mention TB, j’ai lancé mon blog, j’ai interviewé des gens, j’ai créé mon entreprise, j’ai écrit des bouquins, j’ai donné des conférences, j’ai mené des ateliers de coaching dans des cafés et des associations, j’ai accompagné des femmes en coaching VIP, j’ai créé l’Académie des Audacieuses, ainsi qu’une formation pour auteurs, je suis passée à la radio, à la télé, dans des mags et franchement : même s’il y avait parfois des soirées relou, des disputes de couple, des coups de ras-le bol et des envies de fuir sur une île déserte où je serais célibataire et sans enfants, c’était quand même assez… PARFAIT. Trop ?

Dans mes plans pour que tout ça tienne bien la route il y avait une seule condition :

  • ne plus jamais, au grand JAMAIS, avoir d’autres enfants,
  • ne plus JAMAIS, JAMAIS avoir un être dépendant de moi qui veut manger toutes les 2h, ne peut absolument rien faire seul et me prive de 50% de mon sommeil,
  • ne plus JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS, avoir la sensation que tout, tout, tout échappe à mon contrôle !

Une nuit, le choc.

Août 2017 à 3h du mat’
Ouvrir ses yeux, d’un coup, faim.
Trèèèèèès faim, vide, plus d’énergie.
Sensation connue, 2 fois.
Moi peur, moi faim… moi enceinte ?!?

Plat de pâtes, série policière, peur.
Plus faim, plus sommeil.
Réveiller les enfants, faire comme d’habitude, faire semblant.

Déposer l’aînée à l’école, emmener la cadette à la crèche.
Rentrer, travailler, ne plus y penser, impossible de ne plus y penser !!!

Toute la journée, nier.
18h00, courir, pharmacie, rentrer.
Test positif, nier.

18h30, re courir, re pharmacie, re rentrer.
RE positif, MER-DE !

Réfléchir, comment, quand, pourquoi.
Téléphoner, à qui ?

Seule au monde, c’est quoi ce délire, comment je vais faire, je veux pas.
Angoisse, sidération, cauchemar.

J’le crois pas !

Sans déconner, suis-je vraiment passée de celle qui pleure dans ses toilettes parce qu’après une année à tout faire pour tomber enceinte elle a encore ses règles, à cette nana qui tient un test positif entre ses mains alors qu’elle avait une contraception ?

2 jours perdue : je rêve ou bien ?
6 semaines à pleurer : tout sauf ça mon Dieu (et une maladie incurable, ça non plus je veux pas) !
3 mois à espérer : et si tout pouvait redevenir comme avant ? Honte d’y penser, culpabilité, dégoût.
6 mois pour accepter : et si un quotidien retourné sans dessus-dessous s’apprêtait juste à révéler ses paillettes comme dans une boule à neige ? Espoir, lueur, reconstruction.
9 mois pour se préparer : et si avec son lot d’imprévus la vie fournissait aussi le kit de survie ?

« Le bonheur est parfois caché dans l’inconnu » Victor Hugo

Et alors, qu’est-ce que ça fait ?

Quand on perd le contrôle de cette vie pourtant insaisissable, on élargit sa pensée, ses capacités et on active en soi des ressources jusque là endormies ou inexplorées. C’est le cas pour n’importe quelle situation qui nous échappe.

Se libérer de la pression d’être parfaite, c’est aussi se détacher de soi-même pour voir plus grand que sa personne et comprendre que ce que nous traversons est un apprentissage qui dépasse notre propre histoire.

Combien de femmes ont vu leur quotidien chamboulé et ont décidé de transformer une situation inconfortable et désagréable pour en faire une opportunité pour toutes les autres personnes dans la même situation ?

Je pense à ces mères qui ont fait le deuil de leur enfant trop tôt qui ont ouvert des associations, ces femmes qui ont souffert du cancer du sein et qui ont développé des astuces beauté, ces combattantes qui ont décidé que leurs « échecs », leurs cadeaux mal emballés par la vie, seraient un tremplin à la grandeur des autres.

Peu importe que nous ayons prévu d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants, le sujet qui me tient à coeur est que nous n’ayons pas peur de l’imperfection et que notre quotidien soit renversé sans dessus-dessous. Parce que c’est à ce moment précis, exactement comme lorsqu’on renverse une boule à neige, que notre vie s’apprête à révéler ses paillettes.

Ces paillettes inattendues quand la vie se charge de remuer tous nos plans, parce qu’on aurait préféré (ne pas) avoir un enfant.

Ces paillettes qui font tourner la tête, briller les yeux, laissent sans voix, coupent le souffle, effraient parfois et finalement charment de l’éclat de toutes leurs couleurs…

La vie s’est chargée d’orchestrer mon effet paillettes et il s’appelle Octave <3