Elle voit passer des pubs pour la fête des mères partout qui vend des relations mère-enfant extraordinaires, et ça lui fait un goût amer. 

Durant des années elle a cru que c’était normal et aujourd’hui elle sait.
Elle sait que ce n’était pas normal d’aller au lit sans manger.
Elle sait que ce n’était pas normal d’avoir sans cesse peur.
Elle sait que ce n’était pas normal de se sentir rabaissée chaque semaine.
Elle sait que ce n’était pas normal d’être dégoutée à l’idée d’embrasser sa mère sur la joue.

Quand à nous on le sait, « une maman ne fait jamais de mal à son enfant, elle fait de son mieux, alors c’est déjà bien ».

Mais si une maman n’a pas besoin d’être parfaite, ne devrait-elle pas pour autant être une source de sécurité et de réconfort ?

C’est pourquoi elle a mis si longtemps à briser la loi du silence.
Si longtemps à parler de ses cauchemars.
Si longtemps à oser être mère à son tour.
Si longtemps à demander de l’aide.
Si longtemps à avoir confiance en elle et apprendre à (s’)aimer.
Si longtemps à lire Parents toxiques, comment échapper à leur emprise, de Susan Forward.

Parce qu’il n’est pas nécessaire d’avoir eu une mère atteinte du syndrome de Münchhausen par procuration, pour avoir souffert d’une relation toxique, envahissante, narcissique, manipulatrice, immature, rivale, contrôlante, violente, possessive, intrusive, victimisante etc…

Parce que l’amour maternel est parfois défaillant comme cela a pu être mis en lumière dans le documentaire France 5 qui levait un tabou en février 2017 à (re)voir ici : Ma mère, mon poison.

Comme le dit Anne-Laure Buffet dans les images, « il ne s’agit pas de blâmer les mères, il ne s’agit pas non plus de les excuser de tout. Il s’agit de permettre à des enfants, devenus adolescents, adultes, d’acquérir en respect et en amour pour eux-mêmes, alors que ça leur a été interdit, et de pouvoir verbaliser et se situer face à une personne, leur mère, qui ne leur a jamais donné ce qu’un enfant devrait recevoir : de l’amour bienveillant, de la protection, de la sécurité, et de l’autonomie ».

Alors un jour elle a « divorcé » de sa mère.
Elle a acté exister en dehors de ce duo. Elle a appris à s’individualiser, avoir son propre système de pensées et de valeurs, à ne pas répondre au chantage affectif, à reconnaître ses besoins, ses envies, ses émotions, ses limites. Elle a découvert qu’elle mérite le respect et surtout l’amour, le vrai <3