Aujourd’hui je te présente Laura Littel, rencontrée au « Grenier » qui est un lieu d’accueil et de jeux pour parents-enfants bien plus attrayant que son nom ! 

  • En quelques mots quelle est ton histoire ?

Je suis née avec une malformation au rein, les médecins m’ont dit que je ne pourrais jamais avoir d’enfant. Pourtant Nolan est né et avec mon mari Frédéric, ces deux hommes me comblent de bonheur !!  Vers les deux ans de mon fils je me suis interrogée sur sa différence : serait-il autiste ? Quand le « verdict » est tombé, j’ai eu envie de hurler : pourquoi moi ? Me voici dans un parcours éprouvant et long où il faut se battre et avoir le cœur solide. Au départ je n’osais pas en parler par peur qu’on nous aime moins. Puis j’ai eu envie de me battre et j’ai tout fais pour que mon fils évolue. Aujourd’hui j’ai accepté ce mot « autiste ». Pour être précise, après un an et demi de bataille, rendez-vous en tous genres et dossier à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), Nolan a un TSA (Trouble à Spectre Autistique). J’ai étais soulagée de mieux comprendre mon enfant, mais j’aurais aimé qu’on me félicite pour mon travail et ma persévérance. Pendant longtemps je me suis confrontée à des personnes, parfois des proches, qui me disaient « Tu t’en fais pour rien. Nolan va bien, c’est toi qui te prend la tête. Et puis tu le couves trop aussi ! » C’était un passage horrible, où j’ai énormément culpabilisé. Un jour on m’a même dit que c’est parce que je l’allaitais encore… J’avais envie d’y croire, qu’il suffisait que JE change pour que mon fils n’ait plus rien. Je voulais que ce soit de ma faute car ça donnait l’ espoir que tout était encore possible. Je me suis sentie dans le néant total, complètement apeurée. Maintenant, nous menons une autre vie depuis qu’on a passé la porte des professionnels. Nolan évolue bien, cependant l’équipe qui s’occupe de lui s’interroge encore et toujours. Finalement il n’y a pas de certitude, pas de vrai diagnostique, il faut du temps voire des années pour vraiment savoir. En attendant il ne faut pas que je lâche prise…

  • À quoi ressemble ton quotidien aujourd’hui ?

C’est rythmé de rdv médicaux et paramédicaux. Chaque évolution est une joie immense surtout du côté social. Je dois lui apprendre des choses qui sont innées pour nous. Je me forme à l’aide de livres, de lectures sur internet, de rencontres et surtout mon instinct de mère qui, pour moi est  primordial peut importe ce que les professionnels disent il faut que ce soit en accord avec ce que je suis. C’est ainsi que j’ai découvert la méthode ABA, basée sur le principe d’observer, comprendre et se mettre à la place de l’enfant. Il faut rentrer dans son monde pour pouvoir l’emmener dans le notre. Il m’est déjà arrivée de me coucher par terre en plein centre commercial pour faire comme mon fils et qu’il sache que je souhaite le comprendre. J’ai beaucoup appris grâce à lui et il commence à s’ouvrir aux autres, à me copier. On passe rarement inaperçu et pourtant j’étais plutôt une personne discrète avant d’avoir mon fils. Mais aujourd’hui Nolan m’a donné l’opportunité de sortir du cadre et je m’en fiche de ce qu’on pense de moi, je vis, j’aide mon fils, je joue avec lui, je ne m’assoie pas à le regarder jouer,non je cours, rigole, et lors de ses crises je suis d’une patience extrême : je l’enveloppe dans mes bras, le contient même s’il me tape ou me mord, je peux avoir très mal mais à ce moment là je sais que lui souffre encore plus et se sent incompris. La souffrance qui ne se voit pas est à mon sens plus douloureuse que celle qui se voit. Lorsque nous n’avons pas de rendez-vous on sort, on profite, on joue presque comme tout le monde, on ne s’empêche pas de vivre 🙂

  • Si la femme que tu es à présent pouvait s’adresser à la petite fille que tu étais, toi qui connais la suite de l’histoire, qu’est-ce que tu lui dirais ?

« Ne doute pas, tu es capable. Vis pour toi, pas pour les autres ».

  • Concernant ton parcours personnel, qu’est-ce qui te rend le plus heureuse ?

J’ai habité 3 ans et demi au Benin, en Afrique, pour aider des orphelins en leur donnant de mon temps, ma joie et ma bonne humeur. J’ai créé un partenariat avec une crèche en France et je leur ai fait parvenir des dons de parents généreux pour qu’ils aient un Noël magique. Ça l’était tout autant pour moi !

  • Quels sont les domaines où tu as (eu) du mal à lâcher prise et comment tu t’y es prise pour changer ?

J’ai du mal à lâcher prise sur l’exigence que je m’impose, vouloir être à la hauteur, au top, toujours… Quand je sens que je suis frustrée je me pose, je me concentre sur l’instant présent et je profite différemment.

  • La vérité sur ce que tu penses de ton corps ?

J’ai quelques kilos en trop, mais je m’accepte et je prends soin de moi, mais surtout mon mari aime mes formes ça m’aide à m’aimer 🙂

  • Entre nous, qu’est-ce qui a le don de t’énerver et comment tu fais pour faire redescendre la pression ?

Quand un bruit réveille mon fils et que j’ai mis tellement longtemps à l’endormir. Du coup j’ai repris une activité physique : je vais courir et mon fils s’endort dans la poussette. C’est bon pour le moral !

  • Parmi les 5 langages d’amour (un cadeau, des paroles valorisantes, du temps de qualité, le toucher, les services rendus), lequel te touche plus particulièrement ?

Les paroles valorisantes me vont droit au coeur ! Parfois ça me touche tellement que j’en pleure. Mais les services rendus me sont d’une aide incroyable et j’en suis très reconnaissante, car je sais que ma situation fait qu’il n’est pas facile de m’aider.

  • Quelles sont les influences qui ont marqué positivement ta vie ?

Les orphelins du Bénin m’ont appris à être heureuse avec ce que j’ai. Et j’aime particulièrement le film Le ballon d’or, qui montre comment Bandian, un jeune paysan africain, va vivre son rêve et devenir une vedette mondiale du football.

  • Y’a-t-il une parole valorisante sur laquelle tu peux t’appuyer pour te construire ?

Oui une sage femme à la maternité m’a dit : « vous êtes la maman et vous savez mieux que quiconque ce qui est le mieux pour votre enfant ». Ça m’a énormément déculpabilisée et encouragée.

  • Quelle est LA personne que tu n’as jamais rencontrée avec qui tu aimerais partager un repas et quelle(s) question(s) tu lui poserais ?

Je pense à Françoise Lefèvre, la maman de Hugo Horiot. Je lui poserais un tas de questions l’une entraînant l’autre, mais je l’admire pour sa bataille sa conviction et sa réussite. Je lui demanderais comment faisait-elle pour vivre en gérant tout de front ?

  • Si tu pouvais changer UNE chose de ton quotidien à l’instant par un claquement de doigt, ce serait quoi ? 

Une méthode qui diagnostiquerait les enfant autistes par un examen médical non douloureux mais efficace, afin de gagner du temps tellement précieux pour aider les enfants à évoluer et pour éviter la souffrance, les nombreux rdv où l’on nous regarde et on attend de savoir. L’attente d’un diagnostique est terrible… Je ne souhaitais pas avoir un enfant autiste mais s’il l’est c’est pas grave car c’est lui. Ce n’est ni une fierté ni une honte, c’est juste lui et je souhaite savoir ce qu’il a, car nous traversons de nombreuses difficultés et je voudrais gagner du temps pour comprendre afin de mieux l’aider.

  • Quelques mots pour inspirer le coeur des femmes ?

Ne rêvez plus, concrétisez vos rêves, soyez heureuses la vie est courte.